À quoi tient un homme ? Sur quoi s'appuie-t-il pour perpétuer ces choses qui le dépassent ? Et quand bien même il donnerait l'impression de se fondre en ce qu'on lui fait subir, comment ferait-il pour défocaliser tout ou partie des ressentiments qu'il n'a jamais cessé de plagier ? A partir de quand faut-il se demander si c'est lui qui parle à travers vous, ou l'inverse ? Et qui somme-nous pour croire ces sempiternelles salades intérieures qui nous abrutissent d'unicité des êtres et des émotions ?
Ce qui claque ce sont des portes invisibles des oeillères malhabiles.
Ce qui grésille ce sont les milliards de bruits parasites qui se nourrissent de nos atermoiements.
Et tout ce que nous faisons c'est repousser l'échéance. Simplement repousser le moment où il faudra admettre que chacuns de nos gestes, chacunes de nos pensées, de nos douleurs, de nos joies de nos morts ont déjà traversé la vie de quelqu'un d'autre de plus entier et bénéfique. Ou sordide. Rien n'est plus triste et pourtant. Une de vos vieilles connaissances vous répètera que si tout a déjà été dit, fait, écrit, inventé, programmé, planifié, relativisé comment se peut-il que tous les problèmes qui font que l'humain est humain n'aient pas été résolus ? Certes, certes, certes et vous ne ferez que repousser l'échéance. Vous aurez tort et vous ne ferez que repousser l'échéance.
Il ne s'agit même plus de vie ou de mort. Encore moins d'amour ou de haine. Juste de maigres éclats de voix ou de fantasmes face aux choeurs des temps anciens, et aux sirènes de cette fin qui approche.