La fille est là, alors que tu l'attends déjà depuis un moment. Elle est là sans l'être vraiment, là et bien là, et pourtant, rien. D'emblée et sans retenue, avec une certaine force, voire. Rien. D'emblée triste, presque. Parce que tu sais d'où tu t'es sorti, et que tu vois exactement où tu vas. A long terme. Alors tu te fixes un minimum sur le point nu de la table sous ses coudes. Tu crois en tellement peu de choses que les verres eux-mêmes te refocalisent. Tu ne crois en rien, surtout pas en elle, et pourtant rien. Sinon ces secondes mi-longues où tu ferais tout, absolument tout ce qu'elle t'ordonnerait. Il y a à peine une certaine sérénité dans son regard vide de tout le peu de fois qu'il se dirige vers toi.
Alors redresse-toi. Redresse-toi donc ou ne te redresse pas mais applique-toi à ce que tu sais faire de mieux, ne croire en rien ni personne. Et cesse dans tous les cas de te perdre en vain dans les yeux bleus, verts voire noirs bruts, jais ou ébène au choix. La belle inutile s'est déjà trop souvent rapprochée de toi. On ne t'y reprendra plus, te souffle-t-on, lambda. Poussé dans le dos pour l'énième fois. Tu n'as jamais apprécié les défenestrations unidirectionnelles, et sans elle tu passeras le restant de tes jours sans te plaindre, plus fort ou moins cycliquement. Et avec elle et les millers d'autres avant les milliers d'autres après elle disparaîtra dans le temps plus que dans l'espace. Elle s'en ira banale et claire sans se retourner. Pour le meilleur probablement.
Tu as grandi depuis longtemps trop longtemps mon fils, alors allonge-toi sans jamais prier, agenouille-toi à la rigueur si besoin est dans l'unique but de nettoyer sous tes pas et tes pensées incongrues, inutiles oui vaines toujours. Le courant n'est pas passé. Le courant ne passera pas. Les ondes ne s'accorderont jamais. Les fluides sensées et autres babioles psy ne s'échangeront pas mieux.
Pour le pire à venir, assurément.