Quand j'étais petit je croyais qu'au cinéma, quand on mourait, on mourait vraiment. Je veux dire même les figurants. Je me disais qu'il devaient trouver ça cool de mourir devant les caméras. Preuve que ce que j'avançais était vrai, les méchants qui mouraient, eux, ne revenaient jamais dans un autre film, alors que les gentils survivaient toujours et continuait leur carrière sans trop de mal, au contraire. Logique implacable que j'ai gardé plantée pour moi assez longtemps, puisque je me rends compte que je n'en avais jamais parlé à mes parents. Et ma gentille maman ne m'aurait jamais laissé croire des énormités pareilles.
Je pense donc que j'étais déjà pas très clair dans ma tête. Inutile de confirmer pour retourner le couteau dans la plaie.
Cette histoire m'est revenue un jour où, il y a quelques années maintenant, mon voisin de l'époque, quand j'habitais l'autre côté de Paris, m'a montré un extrait du premier "Mad Max" où on voit clairement un cascadeur mourir en pleine action.
Et cette même terrible sensation m'a repris en voyant (très succintement) sur les écrans la mort de Nodar Kumaritashvili, le lugeur géorgien mort juste avant les derniers JO.
Je parlais de tout ça avec Toufik (prénom changé blabla) mon épicier préféré, et il était parfaitement d'accord avec moi, puisque nous avons la même culture et les mêmes goûts en matière de cinéma et de jeu vidéo, qu'il y a un monde entre la mort d'un sportif en pleine action comme je viens de le citer, et les milliers de millions de morts virtuels qui innondent nos écrans en dehors du journal télévisé. Malgré ce que je viens de dire sur mon enfance et qui peut paraître paradoxal ici, c'est évidemment, pour 99% des personnes, deux mondes complètement à part. Dans les jeux de guerre, j'ai d'ailleurs toujours eu horreur des américains, pour leur préférer largement leurs adversaires nazis ou soviétiques. Et ça ne dérange pas plus de mitrailler, déguisé en terroriste, des centaines de pauvres civils innocents dans Modern Warfare 2.
En revanche, tout ce qu'on voit au 20 heures, toutes les horreurs de la dernière guerre qu'on a réussi à filmer, et le reste, la réalité réelle ne sortiront jamais de mon esprit comme choses acceptables, ou passées. Accident ou pas. Je n'oublie pas la mort de quelqu'un devant une caméra. Et encore moins devant mes yeux.
Je voulais juste enfoncer des portes ouvertes par rapport à ce qui ressort régulièrement, trop régulièment sur la violence et les médias.
L'un des premiers films violents que j'ai vu c'est, je crois, "un justicier dans la ville" avec Charles Bronson. Une histoire de vengeance assez banale et crue. Je m'en "souviens" surtout parce que c'était mauvais et cliché, et pas foncièrement parce que j'ai été choqué outre mesure. Je vivais à l'étranger, et à peu près la même époque je crois, c'est un autre film qui m'a pour le coup retourné. "Le faux coupable" d'Alfred Hitchcock. Pas son plus connu, loin de là. Pas son meilleur, loin de là encore. Pourtant je n'oublierai jamais cette histoire (que je n'ai pas revue depuis) mais abrégeons. Il y a là matière à un futur article.
Pour l'instant mon message reste et restera : URL étripez-vous en paix mes chers frères mes chères soeurs.