Le mouvement perpétuel ne lasse pas. Il puise et puise encore et berce les fatigués de la Vie, de l'Espérance, du Choix. Il égrène les aspects positifs comme négatifs du laisser-aller dans ses bras. Il a toujours du temps pour les renonceurs, les lâches et les peureux, même s'il est par définition infini, donc immortel, donc effrayant. Il canalise les craintes du surlendemain, il les isole et et les neutralise.
Le mouvement perpétuel n'a en réalité pas d'ennemis, juste des méfiances brasseuses d'air déjà chaud qui parfois, souvent, font bloc devant lui pour l'empêcher de faire son devoir. Admiré ou conspué il sait complètement s'adapter à ses différents éléments pertubateurs pour en sortir d'autant plus régulier, sans faille.
Le mouvement perpétuel n'a, chacun le sait, qu'une limite ; l'imperfection de notre monde physique, fait de frottements avec l'air avec la terre avec l'eau.
Sans ça il gouvernerait l'ensemble de nos visions du monde et celui-ci serait plus beau. Sans ça il partirait à la découverte de terres inconnues et celles-ci apparaîtraient plus saines. Sans ça il nous ferait presque crier de grandeur et de joie ; nous serions enfin débarrassés de notre concept étriqué du mouvement qui quoi qu'il arrive se termine au bout d'un temps donné.
Il n'y a que la musique moderne, souvent, parfois ringarde, pour nous rappeller que tout l'infiniment long, l'infiniment beau se tiennent dans une boucle qu'on passe à l'étau du fondu silence.