tu ne te souviendras jamais, mon fils
puisque tu n'existes pas
puisque tu n'aurais jamais dû venir au monde
de ce qui a rendu au temps le temps
de qui réussira à jamais à tirer tes larmes irrémédiablement
la mort n'est déjà plus tienne, non
et les heures, elles, filent bien droit devant toi
passent avant toi avant tout le monde
tout ce que tu n'auras pas vu venir
tout ce qu'on t'aura fait enduré
et la paix de l'âme que jamais tu ne goûteras
tu les absoudras les digéreras
tu n'auras plus jamais douze ans
et le temps le temps que mes bras balants
courent autour de toi qui n'existes pas
après les désastres personnels que tu empileras
le son le son viendra et immanquablement tu pleureras
tu pleureras aussi longtemps qu'il faudra
avant de t'évanouir en souffrance, enfin
et tu seras libre, enfin
avec quelques bribes d'extase en berne
ou un peu de piano pour glas.