Étant donné que je passe le plus clair de mon temps couché, je remarque que, sans grandir je me trouve toujours un peu plus grand quand je regarde mes pieds. C'est amusant et pertinent et vain comme j'aime. Parce que les grands projets sont derrière moi, parce que la recherche de l'écriture permanente me pourrit la vie, parce que je finis par privilégier la régularité et la quantité à la qualité, je trouve que m'allonger, regarder mes pieds et me trouver plus grand reste une activité très gratifiante. Je l'ai découverte il y a bien longtemps maintenant, je suppose dès l'instant où j'ai compris que je ne grandirai plus.
Certains se masturbent, moi je me couche et je regarde mes pieds. C'est très prenant comme activité. J'imagine la frayeur des gens très grands à la base. Du style mon Dieu c'est à moi ces machins, mais mais mais, je les connais pas, ils sont trop loins ! Moi ça me détend. Et non, je n'ai aucune affection pour mes pieds ou ceux des autres. Je ne comprendrai d'ailleurs jamais ce fétichisme assez courant somme toute.
Mes pieds sont laids parce qu'abimés par certains accidents de la vie et des gènes. Mais les regarder, couché, et m'imaginer plus grand m'amuse beaucoup. C'est un fait, et je n'y peux pas grand chose. Cumulé à la myopie vous aurez là une jolie symbolisation de la séparation entre la vie, le corps et l'âme. Ce qui devrait être pourtant très près reste si loin que je ne vois absolument rien.
A méditer, si je puis me permettre. Et encore plus si vous descendez très bas dans les dioptries.
Allongez-vous, regardez vos pieds, détendez-vous. Puis amusez-vous. Ou prenez peur.
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